Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/348

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et je suis heureux. Tout cela est votre ouvrage, monsieur, et celui de mon excellente cousine. Daignez encore y ajouter la faveur d’une visite sous mon humble toit… Il faut que ma femme vous voie et vous remercie… Il faut que mes enfants vous témoignent leur reconnoissance. Ils sont vivement touchés de ce que vous avez fait pour eux ; mais quelle émotion n’éprouvé-je pas moi-même, quand je pense à qui je dois leur salut !… Ô monsieur, ces jeunes cœurs que vous avez réchauffés, seroient maintenant, sans vous, aussi froids que le marbre. »

Ici Jones voulut empêcher Anderson de poursuivre ; mais c’étoit une précaution superflue. L’attendrissement du pauvre homme avoit suffi pour lui fermer la bouche. Mistress Miller prit à son tour la parole. Elle prodigua mille remercîments à Jones, tant en son nom qu’en celui de son cousin, et finit par lui dire qu’elle ne doutoit pas qu’il ne fût un jour dignement récompensé de sa généreuse conduite.

« Je le suis déjà autant que je puis le souhaiter, répondit-il. Le récit de votre cousin m’a causé la plus agréable sensation que j’aie connue de ma vie. Il faudroit être un barbare pour entendre de sang-froid sa touchante histoire. Qu’il m’est doux d’avoir eu le bonheur d’y jouer un rôle utile ! S’il existe des hommes insensibles au plai-