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Plusieurs personnes s’étant entremises, Jones parvint enfin à se débarrasser de l’écuyer. Il protesta de son innocence, et jura qu’il n’avoit point vu miss Western.

« C’est folie à toi de le nier, dit le ministre Supple, puisque la preuve du crime est dans ta main. Je suis prêt à faire serment que ce manchon appartient à mademoiselle Sophie. Je l’ai vu souvent à son bras ces jours derniers.

— Le manchon de ma fille ! s’écria Western en furie ; quoi ! il a volé le manchon de ma fille ? Messieurs, soyez témoins qu’il l’a dans sa main. Qu’on mène à l’instant le pendard devant le juge de paix. Où est ma fille, scélérat ?

— De grace, monsieur, calmez-vous, reprit Jones. Ce manchon appartient, je l’avoue, à miss Sophie ; mais je jure sur mon honneur que je ne l’ai point vue. »

À ces mots Western perdit toute patience, et la rage lui ôta la parole.

Cependant, Fitz-Patrick instruit par les domestiques du nom de l’écuyer, se persuada que la circonstance actuelle lui offroit une excellente occasion de rendre service à son oncle, et peut-être de gagner ses bonnes graces. Il s’approcha donc de Jones et lui dit : « En conscience, monsieur, vous devriez rougir de nier, en ma présence, que vous ayez vu la fille de ce gentilhomme,