Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/62

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

quand vous savez que je vous ai trouvé cette nuit même couché avec elle. « Puis s’adressant à M. Western, il lui proposa de le conduire à l’endroit où étoit sa fille. L’offre acceptée, Fitz-Patrick, l’écuyer, le ministre, et quelques autres montèrent droit à la chambre de mistress Waters, et y entrèrent avec aussi peu de précaution que l’Irlandois l’avoit fait la première fois.

La pauvre dame, réveillée en sursaut, n’éprouva pas moins de surprise que d’effroi, en voyant à côté de son lit un homme, qu’à son air farouche et hagard, on auroit pu prendre pour un échappé de Bedlam. L’écuyer eut à peine jeté les yeux sur elle, qu’il fit un saut en arrière, et témoigna suffisamment par ses gestes, avant de parler, qu’elle n’étoit point la personne qu’il cherchoit.

Les femmes, comme on sait, attachent infiniment plus de prix à l’honneur qu’à la vie. Bien que celle-ci parût, en ce moment, plus exposée qu’auparavant, l’autre n’étant point compromis, la dame ne cria pas si fort qu’elle l’avoit fait dans la circonstance précédente. Néanmoins, dès qu’elle fut seule, elle ne songea plus à se reposer ; et très-peu satisfaite, avec raison, de son gîte, elle s’habilla le plus vite qu’elle put, avec le dessein d’en changer.

M. Western, après avoir visité sans succès le reste de la maison, revint désespéré dans la cui-