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Le magistrat encouragé par un si savant auxiliaire, céda aux instances de l’écuyer. Il consentit à remplir les fonctions de juge, et s’assit avec gravité. À l’aspect du manchon que Jones tenoit toujours à sa main, et d’après l’assertion du ministre, que ce manchon appartenoit à M. Western, il décerna contre l’accusé un mandat d’arrêt qu’il pria M. Fitz-Patrick de rédiger.

Jones demanda alors la parole, et ne l’obtint qu’avec peine. Il fit valoir en sa faveur le témoignage de Partridge sur la manière dont il avoit trouvé le manchon ; mais ce qui contribua encore davantage au succès de sa défense, ce fut la déposition de Susanne qui attesta que Sophie elle-même l’avoit chargée de porter le manchon dans la chambre de M. Jones.

Nous ignorons si le seul amour de la justice, ou la grace merveilleuse de notre héros, engagea l’honnête servante à rendre hommage à la vérité. Quoi qu’il en soit, sa déposition produisit le plus heureux effet. Le magistrat s’enfonçant dans son fauteuil, déclara que l’innocence de M. Jones étoit maintenant aussi incontestable que son crime paraissoit l’être auparavant. Le ministre souscrivit à cette sentence et s’écria : « Dieu me garde de servir d’instrument à la condamnation d’un innocent ! » Là-dessus le juge se