Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 3.djvu/63

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sine, où Jones étoit gardé à vue par ses gens.

Quoiqu’il fût à peine jour, la violence du tumulte avoit fait lever tous les voyageurs logés dans l’hôtellerie. De ce nombre étoit un grave personnage revêtu de la dignité de juge de paix du comté de Worcester. M. Western vouloit sur-le-champ porter plainte devant lui ; mais ce magistrat refusa d’instruire l’affaire, attendu, dit-il, qu’il n’avoit sous la main ni son greffier, ni ses livres de droit, et qu’il ne pouvoit savoir par cœur toutes les lois concernant le rapt et autres matières semblables.

M. Fitz-Patrick lui offrit son assistance, et saisit cette occasion d’apprendre à la compagnie qu’il s’étoit destiné au barreau dans sa jeunesse ; il avoit en effet passé trois ans chez un procureur, dans le nord de l’Irlande, en qualité de clerc. Le désir de mener un genre de vie plus agréable le détermina à quitter la chicane, il vint en Angleterre, où il embrassa une profession qui n’exige aucun apprentissage, c’est-à-dire celle de gentilhomme. On a déjà vu en partie comment il y réussit. Cet habile homme déclara que la loi sur le rapt ne s’appliquoit point au cas présent ; que le vol d’un manchon étoit sans contredit un délit, et que l’objet trouvé dans les mains du voleur, fournissoit contre lui une preuve incontestable.