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homme à cheval, elle ne cria point, elle ne s’évanouit point : non que son cœur ne battît plus fort que de coutume ; car elle éprouva d’abord un peu de surprise et de crainte. L’inconnu dissipa bientôt l’une et l’autre, en lui demandant du ton le plus respectueux, et le chapeau à la main, si elle ne comptoit pas qu’une dame l’attendoit en cet endroit ? et il ajouta qu’il étoit chargé de la conduire vers elle.

Sophie, qui n’avoit nulle raison de se méfier de cet homme, monta en croupe derrière lui, et parvint saine et sauve à une ville distante d’environ cinq milles, où elle eut la satisfaction de trouver sa femme de chambre. La bonne Honora tenoit autant à ses nippes qu’à la vie. Ne pouvant se résoudre à les perdre de vue un seul instant, elle avoit pris le parti de les garder en personne, et d’envoyer quelqu’un au-devant de sa maîtresse.

Les deux fugitives réunies, délibérèrent sur le chemin qu’il convenoit de prendre pour éviter la poursuite de M. Western, qui ne tarderoit sûrement pas à faire courir après elles. Londres tentoit si fort Honora, qu’elle vouloit y aller sans détour. Elle allégua qu’on ne s’apercevroit pas au château de leur absence, avant huit ou neuf heures du matin, et qu’ainsi on ne pourroit les rattraper, quand même on sauroit la