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C’étoit de la part de lady Bellaston une méprise volontaire ; car elle savoit très-bien de qui M. Western vouloit parler. Peut-être aussi croyoit-elle qu’il accepteroit sans difficulté la proposition de lord Fellamar.

« Entendez-vous, ma fille, reprit l’écuyer, ce que dit milady ? Toute votre famille est pour ce mariage. Allons, Sophie, sois bonne fille, obéis et rends ton père heureux.

— Si ma mort peut vous rendre heureux, mon père, répondit Sophie, vous ne tarderez pas à l’être.

— C’est un mensonge, Sophie, un insigne mensonge, et vous le savez bien.

— En effet, miss Western, dit lady Bellaston, vous offensez votre père. Il n’envisage dans cette alliance que votre intérêt, et tous vos amis doivent voir comme moi l’honneur qui en rejaillira sur la famille.

— Oui, sur toute la famille, répéta l’écuyer. D’ailleurs la proposition ne vient pas de moi. C’est sa tante qui en a eu la première idée ; tu le sais, Sophie. Allons, encore une fois, je t’en prie, sois bonne fille, et promets-moi devant ta cousine de l’épouser.

— Chère Sophie, dit lady Bellaston, laissez-moi lui donner votre main. C’est aujourd’hui la mode d’abréger le temps. On ne le perd plus à se faire la cour.