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— Bah ! reprit l’écuyer, que parlez-vous de temps ? N’en auront-ils pas assez pour se faire la cour après le mariage ? »

Lord Fellamar, persuadé qu’il étoit l’objet de la pensée de lady Bellaston, et n’ayant jamais ouï dire un mot de Blifil, ne douta point que ce ne fût aussi de lui que parloit M. Western. S’approchant donc de l’écuyer : « Monsieur, lui dit-il, quoique je n’aie pas l’honneur d’être connu de vous personnellement, comme je vois que vous daignez agréer ma demande et combler mes vœux, souffrez que j’intercède en faveur de cette jeune personne, et que je vous conjure de ne pas la presser davantage en ce moment.

— Vous, monsieur, intercéder en faveur de ma fille ? À quel sujet ? Qui diable êtes-vous ?

— Monsieur, je suis lord Fellamar, l’heureux mortel à qui vous avez fait, j’espère, l’honneur de l’accepter pour gendre.

— Vous êtes un faquin, malgré votre habit brodé. Vous, mon gendre ? Que le diable vous emporte !

— Monsieur, j’aurai plus de patience avec vous qu’avec tout autre. Je dois pourtant vous avertir que je n’ai pas coutume d’entendre de sang-froid un pareil langage.

— Fâche-toi tant qu’il te plaira. Crois-tu me faire peur, parce que tu as une broche pendue