Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/143

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Partridge qui, attiré par le bruit, étoit accouru au secours de son maître.

Cette contestation terminée, Jones retourna, bien malgré lui, dans sa chambre. Comme il y rentroit, il entendit lady Bellaston pousser un foible cri et la vit au même instant se jeter dans un fauteuil, en donnant des signes d’une agitation qui auroit pu causer une attaque de nerfs à une femme de complexion plus délicate.

Le fait est qu’effrayée d’un débat dont les jurements et l’obstination de Nightingale sembloient rendre l’issue incertaine, elle avoit voulu se cacher dans un endroit qui lui étoit bien connu, et qu’à sa grande confusion, elle avoit trouvé la place déjà occupée.

« Monsieur Jones ! s’écria-t-elle, peut-on supporter un pareil outrage ? Ô le plus vil des hommes ! quelle est la malheureuse devant qui vous m’avez compromise ?

— La malheureuse ! répéta mistress Honora sortant en fureur de derrière le lit. Trédame ! je suis malheureuse en effet, mais honnête ; et je vois certaines personnes plus riches que moi, qui n’en pourroient pas dire autant. »

Jones au lieu de commencer par calmer la colère d’Honora, comme il l’eût fait avec plus d’expérience, se mit à maudire son étoile, à déplorer l’excès de son infortune ; puis s’adressant à lady