Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/144

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Bellaston, il l’assura sottement de son innocence. Pendant ce temps, la dame qui se possédoit mieux qu’aucune femme au monde, avoit recouvré sa présence d’esprit. « Monsieur Jones, dit-elle avec sang-froid, vous n’avez nul besoin de justification. Mes doutes sont éclaircis. Je ne m’étois pas d’abord remis les traits de mistress Honora ; mais à présent que je la reconnois, je ne puis rien soupçonner de répréhensible entre elle et vous. Honora, j’en suis sûre, a aussi trop de bon sens pour donner une mauvaise interprétation à ma visite. Je lui ai toujours voulu du bien, et peut-être serai-je en état de lui en faire par la suite. »

Honora s’apaisoit aussi facilement qu’elle s’emportoit. Dès qu’elle vit lady Bellaston prendre un ton doux, elle adoucit le sien. « Assurément, dit-elle, je n’ai point oublié les bontés dont milady m’a comblée. Personne ne m’a jamais témoigné autant de bienveillance que milady ; et maintenant que je sais à qui je parlois, peu s’en faut que je ne m’arrache la langue, pour me punir des sottises que j’ai dites. Moi ! me permettre de donner une mauvaise interprétation à la conduite de milady ? de mal penser d’une si grande dame ? c’est ce que ne doit pas faire une domestique comme moi… Que dis-je ? une domestique. Hélas ! je ne la suis plus de personne. Il n’y a