Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/172

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vous. Une seule difficulté m’arrête. Je suis instruite que vous êtes engagé dans un commerce de galanterie avec une femme d’un rang distingué. Si vous croyez que la possession de ma personne mérite le sacrifice de cette intrigue, je suis à vous ; sinon, oubliez ma foiblesse, et qu’elle reste à jamais un secret entre vous et

« Arabella Hunt. »

La lecture de cette lettre causa à Jones une violente agitation. Ses finances étoient épuisées, et la source qui les alimentoit venoit de tarir. De toutes les largesses de lady Bellaston, il ne lui restoit que cinq guinées : encore, le matin même, avoit-il été vivement pressé par un marchand auquel il devoit le double de cette somme. Le digne objet de sa tendresse, Sophie, étoit au pouvoir de son père, et il n’avoit presque aucun espoir de parvenir jamais à l’y soustraire. L’idée de vivre à ses dépens sur le bien modique qui lui appartenoit en propre, répugnoit également à son amour et à sa délicatesse. La fortune de mistress Hunt lui offroit des avantages inespérés. Loin de sentir pour cette dame le moindre éloignement, il l’aimoit autant qu’il étoit capable d’aimer une autre femme que Sophie. Mais abandonner Sophie ! en épouser une autre ! il n’y pouvoit penser à aucun prix… et pourquoi non,