Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/188

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— À vous parler net, monsieur, ma fille est déjà promise ; et ne le fût-elle pas, ce ne seroit point à un lord que je la donnerois. Je hais tous les lords. C’est un tas de courtisans et d’Hanovriens avec qui je ne veux rien avoir à démêler.

— Eh bien ! monsieur, si telle est votre résolution, je suis chargé de vous dire que milord vous attend ce matin à Hyde-Park.

— Dites à milord qu’il m’est impossible de m’y rendre. J’ai assez affaire au logis, et ne puis en sortir pour quelque raison que ce soit.

— Monsieur, vous avez sûrement trop d’honneur pour me charger d’une réponse semblable. Vous ne voudriez pas, j’en suis convaincu, qu’on dît de vous qu’après avoir insulté un noble pair, vous lui avez refusé la satisfaction qu’il vous demandoit. Milord auroit souhaité, par égard pour votre fille, que l’affaire se terminât d’une autre façon ; mais s’il lui faut renoncer à l’espérance de voir en vous un père, il ne laissera pas impunie l’insulte que vous lui avez faite.

— Qui ? moi ! c’est un odieux mensonge, je ne lui ai fait aucune insulte. »

L’officier lui répondit en termes aussi secs que laconiques ; et à cette riposte verbale, il en joignit une manuelle qui n’eut pas plus tôt atteint le bon écuyer, qu’il se mit à beugler de toutes ses forces, et à cabrioler autour de la chambre,