Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

justifier. Nous savons tous si bien ce qu’il faut penser de mon frère !

— Qu’on pense de moi ce qu’on voudra, dit l’écuyer, peu m’importe ; mais quand faut-il qu’il revienne la voir ? car songez, je vous le répète, qu’il a fait le voyage de Londres exprès pour cela, ainsi qu’Allworthy.

— Mon frère, quelque message que M. Blifil juge à propos d’envoyer à ma nièce, on le lui remettra ; et je suppose qu’elle n’aura besoin des conseils de personne pour y répondre convenablement. Elle ne refusera pas non plus sans doute de recevoir M. Blifil, dans un moment plus opportun.

— De par tous les diables, elle refusera. Tudieu ! ne savons-nous pas… Je ne dis rien ; mais il y a des gens qui se croient plus sages que tout le monde… Si j’avois pu agir à ma guise, elle ne se seroit pas enfuie comme elle a déjà fait ; et aujourd’hui je crains à chaque instant d’apprendre qu’elle s’est échappée de nouveau. Quelque imbécile que je paroisse aux yeux de certaines personnes, je sais très-bien qu’elle hait…

— Assez, mon frère, assez, je ne veux point entendre dire du mal de ma nièce. C’est porter atteinte à la considération de ma famille. Ma nièce en est, elle en sera toujours l’honneur, je vous le promets ; et je répondrois de la sagesse de sa con-