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tier et se perdit dans un dédale d’absurdités et de contradictions. À dire vrai, il vaut souvent mieux se résigner à subir les conséquences d’une première bévue, que de chercher à y remédier ; car d’ordinaire plus on fait d’efforts pour se tirer du bourbier, plus on s’y enfonce ; et il se trouve peu de gens qui montrent en pareille occasion la même indulgence que mistress Fitz-Patrick. « Monsieur, dit-elle à Jones en souriant, cessez de vous excuser ; je pardonne volontiers à un amant sincère tous les torts qui naissent de sa passion pour sa maîtresse. »

Elle lui renouvela ensuite sa proposition, et n’oublia, pour la faire valoir, aucun des arguments que son imagination put lui fournir. Transportée de fureur contre sa tante, elle ne connoissoit pas de plus douce jouissance que de la couvrir de ridicule ; et en véritable femme, elle ne voyoit point d’obstacle à l’exécution de son plan favori.

Jones persista néanmoins dans le refus de tenter une entreprise dont le succès lui sembloit impossible. Il comprit aisément les motifs qui rendoient mistress Fitz-Patrick si pressante. Il lui dit qu’il ne nioit point son tendre et vif attachement pour Sophie, mais qu’il sentoit que l’inégalité de leurs positions respectives ne lui permettoit pas d’espérer qu’une personne si accomplie