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daignât abaisser ses regards sur un jeune homme trop peu digne d’elle. Il protesta même qu’à peine désiroit-il qu’elle eût tant de condescendance. Il finit par une profession de sentiments généreux que nous n’avons pas pour le moment le loisir d’insérer ici.

Il y a quelques jolies femmes (car nous n’osons nous exprimer d’une manière trop générale), en qui l’égoïsme domine à tel point qu’elles rapportent tout à elles-mêmes. Comme la vanité seule les anime, elles sont toujours prêtes à s’emparer des louanges qui frappent leurs oreilles et à se les approprier, quoiqu’elles n’en soient pas l’objet. Fait-on en la présence de ces dames l’éloge d’une autre femme ? elles ne manquent pas de se l’appliquer, souvent même de l’amplifier à leur profit. Si, par exemple, on vante sa beauté, son esprit, ses graces, son enjouement, combien, à leur avis, ne doit-on pas les priser davantage, elles qui possèdent ces qualités dans un degré bien supérieur !

Il n’est pas rare qu’un homme se recommande auprès d’elles, en louant une autre femme. Exprime-t-il l’ardeur et le dévouement que lui inspire sa maîtresse ? Ah ! disent-elles, quel amant ce seroit pour nous qu’un homme capable d’aimer avec tant de passion une personne d’un mérite inférieur au nôtre ! Quelque étranges que puissent paroître ces mouvements du cœur féminin, nous