Page:Fielding - Tom Jones ou Histoire d'un enfant trouvé, tome 4.djvu/275

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ner, n’est-ce pas surtout dans l’affaire qui l’intéresse le plus ? Au fait, quel est mon but ? Lui demandé-je un sacrifice, une grace ? Tout au contraire, je veux seulement qu’elle accepte aujourd’hui la moitié de mon bien, et l’autre moitié après ma mort. Et pourquoi cela ? pour son bonheur. Il y a de quoi devenir fou d’entendre parler certaines gens. Si je songeois à lui donner une belle-mère, elle auroit raison de crier, de pleurer. Mais n’ai-je pas offert d’engager tout mon bien, de façon que si j’avois envie de me remarier, il n’y auroit pas une femme, si pauvre qu’elle fût, qui voulût de moi. Eh que diable puis-je faire de plus ? Moi, contribuer à sa damnation ? Tudieu ! moi qui aimerois mieux que tout le monde fût damné, que de lui voir une égratignure au petit doigt ! M. Allworthy, vous m’excuserez, mais je suis surpris de votre manière de raisonner, et je vous dirai, prenez-le comme il vous plaira, que je vous croyois plus sage. »

Allworthy se contenta de répondre à ce compliment par un sourire où il eût en vain essayé de mêler une expression soit de malice, soit de mépris. Si l’on peut supposer que les anges sourient quelquefois des travers de l’espèce humaine, on aura une idée du sourire d’Allworthy.

Blifil, avec l’agrément de son oncle, prit la parole et dit : « Je suis loin de vouloir user de