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la perfidie de Blifil, et lui témoigna de nouveau sa douleur de l’avoir si maltraité, à l’instigation de ce traître.

« Oh ! ne parlez pas ainsi, monsieur ; vous en avez noblement agi avec moi. L’homme le plus sage auroit pu être trompé comme vous, et le meilleur une fois abusé, se seroit conduit de la même manière. Quoique animé d’un courroux qui vous paraissoit légitime, vous n’en avez pas moins manifesté votre bonté à mon égard. Je dois tout à cette bonté, dont je me suis montré si indigne. Ne m’obligez point, à force de générosité, à m’accuser moi-même. Hélas, monsieur, ma punition n’a pas excédé mes égarements ; et désormais mon unique soin sera de mériter le bonheur que je tiens de vous. Croyez-moi, mon cher oncle, j’ai profité des leçons de l’adversité. Malgré de grands écarts, je ne suis point endurci dans le vice. Je rends grace au ciel de m’avoir donné le temps de réfléchir sur ma vie passée. Sans avoir à me reprocher aucune bassesse, j’ai commis assez de fautes pour éprouver un juste sentiment de repentir et de honte. Ces fautes ont eu des suites terribles ; elles m’ont conduit au bord de l’abîme.

— Je me réjouis, mon enfant, de vous entendre parler d’une manière si sensée. Je n’hésite pas à vous croire ; car l’hypocrisie à l’aide de la-