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écrire une pareille lettre. « J’en ai été cruellement puni, ajouta-t-il, par l’effet qu’elle a produit sur vous.

— Je ne crois, je ne puis croire au sujet de cette lettre que ce que vous voudrez. Ma conduite vous montre clairement, ce me semble, que j’y attache peu d’importance. Mais, monsieur Jones, ne m’avez-vous pas donné d’ailleurs de graves motifs de plaintes ? Après ce qui s’étoit passé à Upton, former si tôt une nouvelle liaison avec une autre femme, lorsque je m’imaginois, lorsque vous prétendiez que mes peines vous déchiroient le cœur ! En vérité, vous avez agi d’une manière bien étrange. Puis-je regarder comme sincère l’amour que vous témoigniez pour moi ? et quand je le pourrois, comment espérer d’être heureuse avec un homme si inconstant ?

— Ô ma Sophie ! ne doutez point de la sincérité du plus pur amour qui ait jamais enflammé le cœur d’un homme. Songez à ma déplorable situation, à mon désespoir. Si j’avois pu me flatter de la moindre espérance qu’il me fût un jour permis, comme à présent, de me jeter à vos pieds, aucune femme n’auroit eu le pouvoir de m’inspirer une pensée contraire à la vertu la plus rigide… Moi, inconstant envers vous ! Ô si vous daignez oublier le passé, qu’une injuste crainte