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de l’avenir ne ferme pas votre cœur à la pitié. Jamais repentir ne fut plus sincère que le mien. Ah ! laissez-vous fléchir, adorable Sophie !

— Le repentir sincère, monsieur Jones, peut faire trouver grace à un coupable devant le juge suprême ; lui seul lit au fond des cœurs. Mais les hommes sont faciles à tromper, ils n’ont aucun moyen infaillible de se préserver de l’erreur. Toutefois si je me détermine à vous pardonner, comptez que j’exigerai les plus fortes preuves de votre repentir.

— Quelles preuves ! s’écria Jones avec vivacité. Demandez toutes celles qui dépendent de moi.

— Le temps, monsieur Jones, le temps seul me convaincra que votre repentir est véritable, et que vous êtes revenu pour toujours de vos égarements. Combien je vous détesterois, si je vous croyois assez foible pour y retomber !

— Ne craignez point de moi cette foiblesse. Je sollicite, j’implore à vos genoux une confiance que ma vie entière sera consacrée à mériter.

— Je n’en réclame qu’une partie pour cette épreuve. Je me suis, je pense, suffisamment expliquée en vous assurant que vous obtiendrez ma confiance, dès que vous m’en paroîtrez digne. Après ce qui s’est passé, monsieur, pouvez-vous espérer que je vous croie sur votre parole ?

— Ne me croyez pas sur ma parole. J’ai à vous