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délicatesse pour être aussi incapable que moi de faire une pareille distinction.

— Je l’aurai cette délicatesse, ou plutôt je l’ai déjà. Ma Sophie l’a fait naître en moi, dès le premier moment où j’ai pu me flatter de devenir son époux ; et depuis, tout le reste de son sexe n’a pas produit plus d’impression sur mes sens que sur mon cœur.

— Eh bien, c’est ce que le temps me prouvera. Votre situation, monsieur Jones, est changée. J’en éprouve, je vous assure, une grande satisfaction. Vous ne manquerez pas désormais d’occasions de me voir, et de me convaincre que votre cœur est également changé.

— Divine Sophie ! comment reconnoître tant de bonté ? Quoi ! vous daignez m’assurer que vous n’êtes pas indifférente à mon bonheur ? Croyez-moi, mademoiselle, ce bonheur me vient de vous, puisque je le dois à la douce espérance… Ô ma Sophie ! n’éloignez pas le terme de mes vœux ! je me soumets sans réserve à vos volontés ; je n’ose vous presser trop vivement ; souffrez pourtant que je vous supplie d’abréger la durée de l’épreuve. Oh ! dites-moi quand je puis espérer que vous serez convaincue de la sincérité de mes sentiments.

— Après avoir poussé si loin la condescen-