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noble, et permettez-moi d’ajouter, de plus en plus sage ; car il faut être presque fou pour regarder l’argent comme la seule base du bonheur. Une pareille femme avec sa médiocre, sa mince fortune…

— Vous avez, mon ami, une singulière idée de l’argent, ou vous connoissez mieux les qualités de la jeune personne, que l’état de son bien. Voyons, je vous prie, quelle est, selon vous, sa fortune ?

— Sa fortune ? une misère comparée à celle de votre fils.

— Bon ! bon ! peut-être auroit-il pu trouver mieux.

— Je le nie, car ce sera la meilleure des femmes.

— Oui, oui ; mais je parle de sa fortune. Dites-moi, combien pensez-vous qu’elle apporte en dot à votre ami ?

— Combien ?… combien ? Ma foi, peut-être deux cents livres sterling, tout au plus.

— Vous moquez-vous de moi, jeune homme ? dit le père un peu fâché.

— Non, sur mon ame, je parle sérieusement. Je crois même n’avoir pas omis un denier dans mon estimation. Si je fais tort à la jeune personne, je lui en demande pardon.

— Oui certes, vous lui faites tort. Elle a, j’en suis sûr, cinquante fois cette somme ; et elle en