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lument intacte. Le retable se trouvait dans la sacristie de l’église de Saint–Donatien lorsque la vieille basilique fut détruite par les troupes révolutionnaires.

Jean Van Eyck
Vierge dans l’Eglise. Réplique d’un original perdu
(Musée de Berlin)


Transporté à Paris avec les autres chefs-d’œuvre moissonnés dans nos provinces, il ne revint qu’en 1814. C’est de ce voyage sans doute qu’il souffrit le plus. Il est fendu horizontalement, d’une manière d’ailleurs imperceptible ; la couleur est craquelée autour de la tête de Marie, ou plutôt légèrement gonflée. Aux deux extrémités du tableau, près de saint Georges et de saint Donatien, la flamme des grands cierges d’autel a laissé des traces légères. Il y a longtemps que ces blessures ont été constatées[1]. Telle quelle, cette peinture n’en est pas moins indestructible. Signalons encore qu’un peintre du XVIe siècle — peut-être l’un des Claeissins a caché le sexe de Jésus sous un petit pan de linge tortillé qui n’existe pas dans la réplique du retable conservée au musée d’Anvers. Certains critiques voudraient qu’on enlevât cette addition et qu’on nettoyât le chef-d’œuvre. Qu’on ne touche point au tableau ; mais qu’on cherche une place digne de lui. Dans l’atelier de Jean Van Eyck la lumière venait du côté de saint Donatien ; or, le jour tombant des hautes fenêtres dans l’étroite salle du musée de Bruges[2], vient contrarier l’éclairage

  1. M. Copman, conservateur du musée de Bruges, assure que l’état du chef-d’œuvre n’a pas varié depuis trente ans.
  2. Il est question de construire de nouveaux locaux.