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Le Retable fermé superpose trois séries de figures. Dans le bas quatre panneaux montrent : aux extrémités les donateurs Judocus et Isabelle Vydt, au centre saint Jean-Baptiste et saint Jean l’Evangéliste, imitant des statues. Plus haut est représenté le Mystère de l’Annonciation qui se déroule en quatre panneaux ; ceux du centre sont sans personnages ; aux extrémités, on voit Marie et l’ange Gabriel. L’ensemble de ces volets est surmonté de trois lunettes cintrées. Celle du milieu, plus haute, se divise en deux parties où l’on aperçoit à droite du spectateur la sibylle de Cumes, à gauche la sibylle d’Erythrée. Les deux autres lunettes montrent le prophète Zacharie au-dessus de l’ange Gabriel et le prophète Michée au-dessus de la Vierge.

Ouvrons le Retable.

L’intérieur se partage en deux zones — et peut-être y en avait-il trois primitivement, car Van Mander et Van Vaernewyck parlent d’une prédelle représentant un jugement Dernier qui avait déjà disparu de leur temps. La zone supérieure se compose de sept panneaux. Au centre Dieu le Père, à sa droite la Vierge, à sa gauche saint Jean-Baptiste ; à droite de la Vierge les Anges chanteurs, à gauche de saint Jean-Baptiste les Anges musiciens ; aux deux extrémités Adam et Ève. Deux petites compositions traitées en grisaille surmontent les figures de nos ancêtres : au-dessus d’Adam, le Sacrifice d’Abel et de Caïn ; au-dessus d’Ève, le Meurtre d’Abel.

Dans la partie inférieure se voient cinq panneaux : au centre une grande composition décrivant l’Adoration proprement dite que nous appellerons l’Agneau Mystique ; sur les côtés, à droite les Chevaliers du Christ et les Juges Intègres, à gauche les Ermites et les Pèlerins. Les figures de Dieu le Père, de la Vierge, de saint Jean-Baptiste, la composition de l’Agneau Mystique constituent la partie fixe du Retable. Les autres parties sont mobiles et composent les volets qui se replient.

On ignore complètement la date de la commande. L’opinion généralement admise veut que Hubert commença le Retable à Gand vers 1420 à la demande de Judocus Vydt le donateur. M. Weale[1] croit que Hubert a dû travailler au polyptyque au moins pendant dix ans et qu’il reçut la commande vers 1415. M. Six[2] fait une supposition hardie et prend pour

  1. Exposition des Primitifs flamands, op. cit. p. XV.
  2. Six. À propos d’un repentir de H. Van Eyck. Gaz. des Beaux Arts, 1903.