Page:Finot - La Marche à la lumière, Bodhicaryavatara, poème sanskrit de Cantideva.djvu/112

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que tu pares de guirlandes, de santal, de bijoux !

48. Tu frémis de voir ce cadavre immobile ; pourquoi n’en as-tu pas peur, quand quelque démon le met en mouvement ?

49. Tu en étais épris quand il était caché ; mis à nu, il te fait horreur. Si tu n’as rien à en faire, pourquoi le caressais-tu quand il était caché ?

50. La salive et l’ordure ont une même origine : la nourriture. Si l’ordure te répugne, pourquoi aimes-tu boire la salive ?

51. Les coussins bourrés de coton, doux au toucher, sont sans charme pour le débauché : ils ne dégagent pas l’impur relent qui l’affole !

52-53. Si tu aimes l’impureté, pourquoi embrasser une autre armature d’os reliés par les tendons et cimentés par le mortier de la chair ? Ton propre corps a toute l’impureté désirable : tu peux t’en contenter, sans chercher ailleurs, ô affamé d’ordures, un autre réceptacle d’immondices.

54. Tu aimes, dis-tu, cette chair ; tu désires la voir et la toucher. Comment peux-tu désirer une chair qui est de sa nature inconsciente ?

55. L’âme que tu désires ne peut être vue ni touchée ; et le corps qui peut l’être n’en sait rien : c’est en vain que tu l’embrasses !

56. Tu peux ignorer que le corps d’autrui est fait d’immondices ; mais tu ne t’aperçois pas que