Page:Fléchier - Les grands jours d'Auvergne en 1665, 1856.djvu/479

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donna un soufflet et se retira chez luy, où il n’eust pas mis plustost pied à terre, que ce séditieux fit sonner le toxin, prenant advantage d’une assemblée de quatre cens confrères pour la feste de saint Jean, et d’une desbauche de vin extraordinaire pour les cabaler et leur faire prendre les armes pour venir en cet estât forcer la maison du suppliant, après avoir battu aucuns de ses domestiques, allant tumultuairement fermer les portes de la ville, ce qui obligea le suppliant, pour éviter un plus grand désordre, de sortir de sa maison avec le sieur de Massiac, son fils aisné, âgé lors de douze ans seulement, par une porte de derrière et deux de ses domestiques à pied pour faciliter sa retraite, laissant le reste de ses gens dans sa maison pour en empescher le pillage, de quoy lesdits séditieux qui en avoient déjà enfoncé les fenestres, s’estans aperçus, coururent après lui avec tant de vitesse, que douze ou quinze l’ayans atteint à la dernière maison du fauxbourg, ils firent une descharge sur luy, blessèrent son cheval de deux balles, et auroient sans doute assassiné le père et le fils, si le cuisinier dudit suppliant qui tourna la teste n’eust tiré un coup à l’autheur de la sédition dont il le blessa à la bouche, de laquelle blessure, quoyque assez légère, pour avoir esté mal pansée, la gangrenne seroit survenue, dont il mourut un mois après, et bien que l’action soit ainsy arrivée, sy est ce que les tesmoings ayans déposé qu’il avoit esté tué d’un coup tiré par le suppliant, il auroit esté conseillé de se charger de ce meurtre dans l’information faite par le lieutenant criminel de Riom, auquel, quoyque son ennemy, ledit suppliant avoit envoyé par prévention celle faite à sa requeste et du marquis de Massiac son fils, sur laquelle il décretta seulement un adjournement personnel contre ses justiciables séditieux, lesquels, voyans que le suppliant les prenoit par cette voie, firent un acte délibératoire signé de la plus grande partie des habitans, lesquels mesmes s’estoient trouvez dans cette action, firent des scindicqs dont l’un estoit accusé de vol fait au suppliant, portèrent leur plainte au lieutenant criminel de Riom qui décretta à l’instant prise de corps contre ledit suppliant, sans y comprendre pour lors son fils, recevant pour tesmoings dans cette information les séditieux mesmes ses parties. Cette procédure si extraordinaire contre une personne domiciliée et de qualité, sur une blessure légère, l’ayant empesché de se présenter à un juge prévenu qui se dé-