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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/159

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LA PLANÈTE MARS.

tout les lignes critiques dans le spectre lunaire, tout en les ayant vues dans le spectre de la planète. Maintenant, si l’atmosphère de Mars est semblable à la nôtre, et si, à hauteur égale, les lignes critiques sont plus fortes dans le spectre de la planète que dans celui de la Lune, il devrait exister quelque hauteur plus basse de la Lune donnant des intensités égales des lignes critiques. Par cette méthode on pourrait se faire une idée de l’étendue de l’atmosphère martienne. On y trouverait en outre un moyen de contrôle de la subtilité de la méthode spectroscopique. Il semblerait qu’aucun observateur n’a cherché ces altitudes inégales de Mars et de la Lune pour lesquelles les lignes critiques dans les deux spectres seraient d’égale intensité. C’est regrettable.

Il est aussi notoire que les observateurs n’ont pas trouvé d’évidence certaine de l’absorption croissante aux bords de Mars, là où l’épaisseur atmosphérique est la plus grande.

Les observations spectroscopiques faites au mont Hamilton cet été, dans des conditions particulièrement favorables, ont montré que les spectres de la Lune et de Mars sont identiques en apparence. La méthode employée aurait décelé l’existence d’une atmosphère martienne quatre fois plus faible que la nôtre.

4o Nettelé des taches de la surface. — Si Mars était entouré d’une atmosphère aussi étendue que la nôtre, il serait impossible de voir les taches aussi clairement que nous les voyons. Langley a trouvé que près de 40 pour 100 de la lumière arrivant à la surface de la Terre d’un astre voisin du zénith est absorbée par notre atmosphère. Si le pouvoir réflecteur de la surface de la Terre est égal à celui de la Lune, qui est de 0,17, alors, des 60 centièmes de la lumière primitive parvenant à la surface terrestre, il n’y aurait que 0,17 ou bien 10 pour 100 de réfléchis, et encore 40 pour 100 de cette quantité seraient absorbés dans la sortie de notre atmosphère. Ainsi il n’y aurait que 6 pour 100 de la lumière tombant primitivement sur l’atmosphère de la Terre qui en sortiraient. Sa surface serait cependant illuminée par la lumière diffuse du ciel, et la lumière sortant dans l’espace pourrait peut-être s’estimer à 9 ou 10 pour 100. La lumière par laquelle un observateur éloigné, comme de la planète Mars, verrait la Terre, proviendrait en grande partie de l’atmosphère brillante, et très peu seulement de la véritable surface de la Terre. Il est douteux que quelques-unes des taches géographiques de la Terre puissent être vues dans ces conditions, même dans le cas où notre ciel serait dépourvu de nuages.

On a dit que le peu de visibilité des taches au bord de Mars est dû au fait que nous voyons cette partie du disque à travers une plus grande couche atmosphérique. Je ne crois pas que cette hypothèse soit nécessaire. Si nous examinons la surface lunaire à l’œil nu, nous trouverons que les taches sont distinctes au centre, mais indistinctes au bord. La Lune à l’œil nu est comparable en grandeur à Mars vu au télescope. Si nous tenons compte de l’effet, grandement amplifié, des mauvaises images en examinant le bord confus et indistinct de Mars, nous trouverons, je crois, que le bord de Mars n’est pas beaucoup plus