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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/158

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CAMPBELL. L’ATMOSPHÈRE DE MARS.

(a). Le bord du disque est toujours plus blanc que le centre. C’est là une observation facile à faire, et le fait a été noté par plusieurs observateurs. Entre autres, il a été remarqué par Dawes, qui a écrit en 1864 : « Rien, à ce qu’il me paraît, ne saurait prouver plus complètement que les teintes rougeâtres de Mars ne sont pas dues à une particularité de coloration de l’atmosphère de la planète, que le fait que la rougeur est toujours le plus intense près du centre, là où la couche atmosphérique est le plus mince. » En d’autres termes, si la rougeur au centre est produite par l’atmosphère, la plus grande épaisseur de la couche gazeuse au bord devrait produire une augmentation de la teinte rouge. Mais l’observation montre que c’est juste le contraire qui est observé.

(b) Il n’y a pas de traces d’absorption de l’atmosphère au-dessus des calottes polaires. Tous les observateurs leur ont assigné la blancheur de la neige, même au bord de la planète. Si la couleur rouge du centre de la planète était due à l’absorption atmosphérique, l’absorption au bord du disque serait incomparablement plus grande, et les calottes polaires ne seraient pas d’un blanc pur. Elles tendraient au jaune ou au rouge, ainsi que le fait le reste de la planète.

(c) Les spectres des grosses planètes Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune contiennent des bandes atmosphériques marquées, montrant ainsi que ces mondes sont entourés de vastes atmosphères. Sur Mars, l’évidence spectroscopique, ainsi que nous allons le voir dans la section suivante, est à peu près nulle. Et cependant Mars est incomparablement plus rouge que les quatre planètes extérieures. Ainsi, l’évidence spectroscopique est incontestablement opposée à l’hypothèse que la couleur rouge de Mars soit produite par une atmosphère.

Eu égard aux faits que le limbe de la planète est plus blanc que les régions centrales, que la calotte polaire blanche ne montre pas de traces d’absorption, même au bord du disque, et que les plus grosses planètes, pourvues d’atmosphères plus élevées que Mars, sont plus blanches que cette planète, en vertu, disons-nous, de ces faits, nous devons accepter comme satisfaisante l’explication offerte par Sir John Herschel, il y a un demi-siècle, que la couleur rouge « indique, sans doute, une teinte d’ocre pour le sol en général, à peu près comme les régions de grès jaune de la Terre pourraient offrir aux habitants de Mars, mais un peu plus accusée ».

3o Résultats spectroscopiques. — Les recherches de Janssen en 1867, Huggins en 1867, Secchi vers 1872, Vogel en 1872 et Maunder en 1877 ont conduit à des résultats identiques, c’est-à-dire que l’atmosphère de Mars est semblable à la nôtre. On doit remarquer qu’aucun des observateurs n’a formé, de ses recherches spectroscopiques, d’estimation de l’étendue de l’atmosphère martienne, comparée à la nôtre. L’un des observateurs a remarqué que les lignes et bandes critiques étaient plus fortes dans le spectre de la planète que dans le spectre lunaire lorsque ces objets étaient à la même altitude au-dessus de l’horizon ; un autre a dit que les bandes critiques étaient plus larges dans le spectre de Mars que dans celui de la Lune, tandis qu’un troisième observateur n’a pas aperçu du