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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/180

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VOGEL. — ANALYSE SPECTRALE.

de cette bande varie sans doute suivant l’état de l’atmosphère de la planète. On la voyait distinctement le 10 novembre.

Pendant que nous sommes sur cette intéressante question de l’analyse spectrale de la planète, nous donnerons la parole à un autre spectroscopiste éminent, M. Vogel, sauf à revenir ensuite à l’Observatoire Lick pour les observations télescopiques. Il y a certainement avantage, pour éclairer notre esprit en ces discussions assez compliquées, de rapprocher autant que possible les travaux faits sur les mêmes sujets, afin d’en faciliter la comparaison et l’enseignement. L’atmosphère martienne reste ainsi en ce moment l’objet principal de notre attention. Le problème en est posé désormais avec une rigueur mathématique. Nous avons sous les yeux toutes les pièces du procès et nous pouvons juger.

clxxxiii.Vogel. — Spectre de l’atmosphère de Mars photographié pendant les oppositions de 1892 et 1894[1].

M. Vogel, directeur de l’Observatoire d’Astronomie physique de Potsdam, a repris ses recherches spectrales sur les planètes. Voici les résultats obtenus en ce qui concerne Mars.

Trois bonnes photographies ont été prises au spectrographe les 27 et 29 juillet 1892. Entre les raies F et K on a pu identifier exactement 75 raies avec celles du spectre solaire, et l’on n’y a découvert aucune différence. L’auteur donne la liste des longueurs d’onde des principales de ces lignes, depuis 4199 jusqu’à 4384.

Le 1er novembre 1894, trois nouvelles photographies ont été obtenues, sur lesquelles 50 raies ont été reconnues depuis F jusqu’au delà de H. Sur l’une de ces photographies, d’une durée de pose de 5 minutes, un grand nombre de détails se voient jusqu’à la longueur d’onde 3730.

M. Huggins a informé M. Vogel à cette époque que, dans ce même mois de novembre 1894, il a obtenu également plusieurs photographies s’étendant loin au delà du violet et ne présentant non plus aucune différence avec le spectre solaire.

À ce propos, M. Huggins a abandonné l’opinion qu’il avait tirée de ses premières observations de 1867, que la couleur rouge de Mars serait due à l’absorption des groupes de raies du bleu et du violet. Les photographies lèvent également les doutes qui restaient, après ces observations, de savoir si les lignes qu’il avait observées dans la région la plus réfrangible du spectre étaient des raies spéciales caractéristiques du spectre de Mars ou simplement les raies de Fraunhofer, et prouvent en faveur de cette dernière interprétation.

  1. The Astrophysical Journal, 1895, t. I, p. 203.