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Page:Flammarion - La Planète Mars et ses conditions d’habitabilité, tome 2, 1909.djvu/181

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LA PLANÈTE MARS.

En 1877, M. Maunder a fait également des observations sur la partie visible du spectre de Mars, principalement dans le but de découvrir toute trace d’absorption de son atmosphère et de chercher aussi s’il se présenterait des différences aux diverses régions de sa surface[1]. Le spectre de la planète fut comparé avec celui de la Lune à une heure où les deux astres étaient à la même élévation au-dessus de l’horizon. Mais cette élévation était assez défavorable, n’étant que de 24° à 26°, et il était difficile de faire la part des lignes d’absorption produites par notre propre atmosphère et celle des lignes dues à l’atmosphère de Mars. Néanmoins, ces observations montrèrent que plusieurs de ces raies étaient plus larges et plus fortes dans le spectre de Mars que dans celui de la Lune.

« Mes premières observations, écrit M. Vogel, s’accordent avec celles de Huggins pour montrer que Mars possède une atmosphère de constitution analogue à la nôtre, prouvée par certains groupes de lignes dans le voisinage de C et D et par les groupes telluriques α et δ. C’est par des observations comparatives spéciales avec la Lune et les étoiles que j’ai pu m’assurer que les groupes de lignes telluriques dont il s’agit sont vraiment renforcées dans le spectre de Mars.

» En 1894, M. Campbell a observé le spectre de Mars en de très favorables conditions atmosphériques, la planète se trouvant à une grande altitude. Comme il n’a réussi à découvrir aucune différence entre les spectres de Mars et de la Lune, ces astres étant observés à la même hauteur, il en conclut que l’existence d’une atmosphère sur Mars ne peut pas être démontrée par le spectroscope. Les recherches de cet observateur zélé, conduites avec les puissants instruments de l’Observatoire Lick, méritent certainement considération, quoique, dans mon opinion, elles n’aient pas plus de poids que les anciennes observations qui viennent d’être rappelées, l’avantage d’un grand instrument n’étant pas de nature à faire mettre en doute ici les résultats obtenus à l’aide de plus petits. »

Pour vérifier les conclusions de M. Campbell, M. Vogel a pris en 1894, le 13 novembre, en d’excellentes conditions atmosphériques, à l’aide d’un spectrographe appliqué au réfracteur photographique de treize pouces, de nouvelles photographies du même spectre. Le rapport de l’ouverture à la distance focale est de 1 à 10 ; l’instrument est donc, de ce chef, considérablement supérieur en pouvoir lumineux à l’équatorial de l’Observatoire Lick. La hauteur de la planète était de 43°, celle de la Lune de 25°. Voici les résultats obtenus :

   
Groupe δ
Très distinct dans le spectre de Mars : faible dans celui de la Lune.
Groupe α
Évident dans le spectre de Mars ; difficile à voir dans celui de la Lune.
Groupe λ 5915 et λ 5920
Très distinct dans le spectre de Mars ; également bien visible dans celui de la Lune.

  1. Monthly Notices, t. XXXVIII, p. 51.