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LA PLANÈTE MARS.

du terminateur. On peut imaginer qu’elles sont dues soit à des nuages, soit à des montagnes ; les observations faites en 1890 au mont Hamilton peuvent fort bien être expliquées par la présence d’une traînée de nuages située à une grande altitude[1].

Toutes les récentes observations faites ici par les Professeurs Schaeberle, Campbell et autres semblent indiquer que ces véritables proéminences sont causées par des chaînes de montagnes étendues au travers du terminateur : elles apparaissent en effet toujours aux mêmes longitudes et latitudes de la planète pendant plusieurs nuits et même plusieurs mois de suite ; une carte de quelques-unes d’entre elles est actuellement en préparation.

M. Campbell a montré que quelques-unes de ces élévations ne dépassent pas 3 000 mètres et que les autres sont du même ordre d’importance. Aucune observation n’en a été faite lorsque la planète ne présentait pas de phase.

Il n’y a pas le moindre doute en ce qui concerne la réalité du phénomène et je crois que l’exactitude de l’explication précédente est hors de doute.

L’auteur de l’article paru dans Nature (2 août 1894) n’était évidemment pas au courant de la question. Ces remarques ont été présentées sous le titre alléchant de « Étrange lumière sur Mars ». Après avoir rappelé les termes d’un télégramme sensationnel de l’Observatoire de Nice, il concluait que ces nouvelles devaient être tenues pour sérieuses et de plus amples renseignements étaient anxieusement attendus. Il ajoutait : « La cause de cette lumière est ou physique ou humaine, et l’on doit s’attendre à voir ressusciter la vieille idée des signaux adressés par les Martiens à la Terre. » Il mentionne trois causes physiques possibles : une aurore, une longue chaîne de montagnes couvertes de neige, ou bien encore un violent incendie de forêts. L’irradiation n’est point mentionnée. « Sans vouloir opiner pour l’idée des signaux avant que nous fussions mieux renseignés par les observations, on ne peut néanmoins s’empêcher de remarquer qu’il eût été difficile de trouver une époque plus favorable pour les faire. »

« Ceux qui ont observé le phénomène en question, nuit après nuit, ainsi que nous l’avons fait au mont Hamilton, ajoute l’auteur, considèrent l’idée que ces proéminences soient des signaux des (problématiques) Martiens comme simplement absurde. Je ne puis trouver d’expression plus modérée. »

Cet article est accompagné de deux planches contenant 15 croquis de la planète montrant des projections lumineuses[2] un peu partout. Ces esquisses trop légères sont malheureusement d’une reproduction presque impossible.

  1. Voir plus haut pages 53, 56, 79, 81, 82.
  2. Ces projections sur le terminateur ont été signalées pour la première fois par Knobel en 1873. Voir Tome I, p. 221 et 222. L’effet était produit par une région blanche