Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/150

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beaux de marbre des Aliscamps, et je recommence mon voyage, je vais plus loin, plus loin, comme une feuille poussée par la brise :

Ah ! je veux m’en aller dans mon île de Corse,
Par le bois dont la chèvre en passant mord l’écorce,
Par le ravin profond,
Le long du sentier creux où chante la cigale,
Suivre nonchalamment en sa marche inégale
Mon troupeau vagabond.

C’est une belle chose qu’un souvenir ; c’est presque un désir qu’on regrette. […]


58. AU MÊME.
[Rouen, 10 avril 1842.]

J’ai bien l’honneur d’avertir Monsieur Ernest Chevalier que mardi prochain il ait à se tenir chez lui, devant y recevoir la visite d’un homme comme moi. J’exige qu’il y ait du tabac, n’importe lequel, et des pipes, blanches ou culottées. Je m’en fous pas mal. On sera flatté d’y trouver un rafraîchissement quelconque, et de plus ledit sieur est prié de me réserver un jour de la semaine prochaine pour dîner, déjeuner, souper ou autre chose.

Ah çà ! bougre, tu te fous de moi légèrement, tu me vexes par ton oubli, tu m’insultes par tes dédains, tu m’ironises par ton indolence, ah mais |

Tu fais le Monsieur, tu fais l’homme ; tu dis : il se passera de moi, j’ai à travailler, j’ai mal à la tête, il faut que je fasse du Droit, je n’ai pas