Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/178

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de nous montrer chez elles avec nos redingotes grasses, nos habits noirs d’il y a trois ans et nos guêtres élégantes. Leurs habits de tous les jours, eux, ce sont nos habits des fêtes et des dimanches. Ceux-la vont dîner au Rocher de Cancale et au Café de Paris ; le joyeux étudiant se repaît pour 35 sous chez Barilhaut. Ils font l’amour avec des marquises ou avec des catins de prince ; ce farceur d’étudiant aime des demoiselles de boutique qui ont des engelures aux mains […], car le pauvre diable a des sens comme un autre, mais pas trop souvent, comme moi, par exemple, — parce que ça coûte de l’argent, et que quand il a payé son tailleur, son bottier, son propriétaire, son libraire, l’École de Droit, son portier, son cafetier, son restaurant, il faut qu’il s’achète des bottes, une redingote, des livres, qu’il paye une inscription, qu’il paye un terme, qu’il achète bientôt du tabac, et il ne lui reste plus rien, il a l’esprit tracassé. N’importe, c’est amusant comme tout de faire son Droit a Paris. Comme c’est bien mon opinion, je vais me coucher immédiatement.

Adieu, mon vieux. Réponds-moi. Bien des choses à tes bons parents.


75. AU MÊME.
[Paris, 11 mars 1843.]

À mon retour de Rouen, j’ai enfin trouvé une lettre de toi. Je commençais à désespérer d’en avoir et j’avais envie de te faire mettre dans les petites affiches pour savoir ce que tu étais devenu.