Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 1.djvu/181

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prendre. Elle aime beaucoup la famille royale et a été désolée de la mort du duc d’Orléans. Les Collier à ce sujet se sont aperçus à Trouville que nous n’aimions pas beaucoup la dynastie régnante, et cela parce que maman ne paraissait pas très affectée de la descente chez Pluton du prince royal.

Darcet[1] pioche comme un enragé pour le concours du bureau central. Mais il se fera probablement enfoncer. Il juge à propos, pour se rendre fort dans la discussion, de lire Spinoza, Descartes et beaucoup d’honnêtes gens de cette trempe, qu’il n’entend guère, comme il est très facile de s’en convaincre quand on a la moindre idée de la philosophie. Entre nous soit dit, il y patauge un peu.

Je suis invité pour samedi prochain à un grand souper annuel chez mon ami Maurice[2]. J’ai accepté ; ça me remettra un peu les nerfs.

Dialogue (passé il y a une heure) :

Moi, ma Portière. (J’entends du bruit.)

La Portière (de dedans l’antichambre). — C’est moi, Monsieur, ne vous dérangez pas. (La portière ouvre [a porte. Ordinairement ce sont les portières qui s’ouvrent.) Je vous apporte des allumettes, Monsieur, car vous en avez besoin.

Moi. — Oui.

La Portière. — Monsieur en brûle beaucoup.

  1. Frère de Mme Pradier.
  2. Maurice Schlésinger, éditeur de musique, souvent cité plus loin.