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DE GUSTAVE FLAUBERT.

retour des pèlerins de la Mecque qui doit avoir lieu dans vingt-cinq jours environ. Nous allons visiter le Caire soigneusement et nous piéter à travailler tous les soirs, chose que nous n’avons pas encore faite. Vers le 1er janvier, nous nous mettrons dans une cange et nous remonterons le Nil dans six semaines, après quoi nous le descendrons et reviendrons ici. Tout ce voyage de la Haute-Égypte est excessivement facile et sans le moindre danger d’aucune espèce, surtout en cette saison, où les chaleurs sont loin d’être excessives. Ainsi tu peux, dès maintenant, changer d’opinion relativement au climat de l’Égypte. Il y fait des brouillards le soir tout comme ailleurs. Les nuits sont froides (quoique les domestiques, les esclaves plutôt, dorment dans la rue par terre, devant les portes) et l’on y voit des nuages. À entendre, en France, certaines gens, l’Égypte est un véritable four. D’accord, mais il tiédit quelquefois. Si tu veux, pauvre vieille, avoir l’inventaire de ce que je porte sur le corps (d’après le conseil unanime des gens sensés), voici comment je suis vêtu : ceinture de flanelle, une chemise de flanelle, un caleçon de flanelle, pantalon de drap, gros gilet, grosse cravate et paletot par-dessus ma veste le soir et le matin. Je suis rasé et porte le tarbouch rouge avec les deux petits bonnets blancs en dessous.

Tout ce qui est officier, militaire, ou employé de l’administration porte la redingote de Constantinople, c’est-à-dire la nôtre, avec le tarbouch. Comme robe de chambre, j’ai acheté hier une chemise de Nubie qui m’a coûté cinquante sols et qui est d’un grand chic. Pour une vingtaine de francs on peut avoir des robes de chambre en soie. Un