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CORRESPONDANCE

À peu près dans le même quartier se trouve le cimetière chrétien, vers la place où l’on dit que saint Paul fut renversé de cheval par l’apparition de l’ange. On y pue raide ; ça sent son fruit. Dans un caveau en ruines, nous avons vu, en nous baissant par l’ouverture, plusieurs débris humains, des squelettes, des têtes, des thorax, un mort desséché et tout raidi sous les morceaux de son linceul, une longue chevelure blonde dont le ton doré tranchait sur la poussière grise et, ce que nous avons trouvé assez gaillard, un gros toutou blanc qui sans doute était venu là pour s’y donner une bosse et qui, ne pouvant plus en sortir, y avait crevé. Quelle farce !

Adieu, pauvre vieux.

Le jeune Du Camp devient très socialiste. L’avenir de la France l’inquiète, et il s’emporte dans la discussion.


268. À PARAIN.
De la quarantaine de Rhodes.
Dimanche, 6 octobre 1850.

Vous avez bien tort, mon vieux solide, de ne pas m’écrire plus souvent, car je vous assure que vos lettres sont pour moi de vraies parties de plaisir. La dernière m’a fait bien rire, et ce que vous me dites de toutes vos connaissances ne m’a pas médiocrement amusé. Il y aurait là-dessus de quoi causer longuement au coin du feu, le nez sous le manteau de la cheminée et les pieds dans nos pantoufles. C’est ce que je me promets bien de faire à