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CORRESPONDANCE

nous avons faites en voyage, et des meilleures ! C’est étonnant du reste comme on s’accroche vite. N’importe, cela a son petit moment d’amertume, de quitter ainsi des sympathies toutes fraîches. Ce pauvre garçon est tellement embêté de nous voir partir qu’il va quitter l’hôtel quand nous n’y serons plus. Sais-tu de quel nom il m’appelle ? C’est comme Herbert ; il m’appelle papa : « Voulez-vous un cigare, papa ? Allons, papa, venez », etc.

Quand je saurai l’époque de ton départ, je t’enverrai une liste d’objets que tu m’apporteras. Emmène une femme de chambre si tu le juges nécessaire ou même commode. L’argent est bon, mais l’aise meilleure. Et l’aise, en voyage, c’est tout. C’est la santé et la vie bien souvent. J’attribue notre bon état permanent au bon régime que nous avons suivi, à notre sobriété et, pour lâcher le mot, au confortable dont nous nous privions quand il était absent, mais que nous saisissions avec la même philosophie quand il se présentait.


275. À LOUIS BOUILHET.
Athènes, 19 décembre 1850. Au Lazaret du Pirée.

J’y suis depuis hier. Nous voilà casernés au lazaret jusqu’à dimanche… Je lis de l’Hérodote et du Thirlwall[1]. La pluie tombe à verse, mais du moins il fait plus chaud qu’à Constantinople où, ces jours derniers, la neige couvrait les maisons.

  1. Historien et théologien anglais, publia en 1835 une Histoire de la Grèce ancienne, en 8 vol.