Page:Flaubert Édition Conard Correspondance 2.djvu/364

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
CORRESPONDANCE

de jours je serai au milieu de ma première partie. Depuis qu’on fait du style, je crois que personne ne s’est donné autant de mal que moi. Chaque jour j’y vois plus clair ; mais la belle avance si la faculté imaginative ne va pas de pair avec la critique !

Hier au soir j’ai lu les 2 premiers volumes du Don Juan de Mallafitte. Hum ! hum ! Il y a du reste de grands efforts et par ci par là une phrase. Mais que c’est peu corsé !

Oui, fais ta comédie pour le Gymnase tout de suite, si tu as suffisamment mûri le sujet. (Si les Français sont si difficiles qu’ils refusent ta pièce, ou traînent trop en longueur, pourquoi ne la donnerais-tu pas à l’Odéon ?) Tu devrais faire un drame féroce, en prose, quelque chose de fouetté et d’ardent. Il me semble que tu es capable de cela. Qui sait ? Tu n’auras qu’à tomber sur un bon sujet ; ça pourrait réussir et, partant, te donner de l’argent.

Je vais écrire à Henriette pour l’album et, si elle n’en a pas (sic) rien tiré et qu’elle ne voie pas en pouvoir tirer quelque chose, lui dire de me le renvoyer, car je ne peux lui dire de se faire débitante une à une d’autographes. Cela me semble délicat ; qu’en dis-tu ?

Au reste, ma pauvre vieille, si tu es gênée veux-tu que je t’envoie 500 francs. (C’eût été avec Du Camp ou Bouilhet, que ça n’eût pas fait de difficulté, n’est-ce pas ?) Je l’eusse déjà fait, si je n’avais craint de te blesser. Il y a des traditions, pour toutes ces choses-là, que le plus indépendant observe !

Si j’ai été toujours si discret sur ces matières, c’est que j’en devinais trop. C’est que je ne voulais