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DE GUSTAVE FLAUBERT.

elle ne peut s’en défaire avantageusement, en totalité ou en partie, à me le renvoyer par la poste à Croisset. La lettre est partie.

Mauvaise semaine. Le travail n’a pas marché ; j’en étais arrivé à un point où je ne savais trop que dire. C’étaient toutes nuances et finesses où je n’y voyais goutte moi-même, et il est fort difficile de rendre clair par les mots ce qui est obscur encore dans votre pensée. J’ai esquissé, gâché, pataugé, tâtonné. Je m’y retrouverai peut-être maintenant. Oh ! quelle polissonne de chose que le style ! Tu n’as point, je crois, l’idée du genre de ce bouquin. Autant je suis débraillé dans mes autres livres, autant dans celui-ci je tâche d’être boutonné et de suivre une ligne droite géométrique. Nul lyrisme, pas de réflexions, personnalité de l’auteur absente. Ce sera triste à lire ; il y aura des choses atroces de misères et de fétidité. Bouilhet, qui est venu dimanche dernier à 3 h. comme je venais de t’écrire ma lettre, trouve que je suis dans le ton et espère que ce sera bon. Dieu l’entende ! Mais ça prend des proportions formidables comme temps. À coup sûr, je n’aurai point fini à l’entrée de l’hiver prochain. Je ne fais pas plus de cinq à six pages dans ma semaine.

Les vers de la Presse m’ont semblé meilleurs qu’à la première lecture, quoiqu’il y ait, dans cette pièce, un défaut capital : c’est le non-enchaînement de la première partie avec la seconde. L’Orient (1re), Hypathie (2e) étaient assez fertiles pour occasionner deux pièces séparées. On ne voit pas nettement comment la première amène la seconde. Quant à la dédicace, entre nous ton procédé est un peu leste vis-à-vis de Max. Puisque tu [la] lui