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CORRESPONDANCE

avais dédiée manuscrite, c’est assez drôle de changer à l’impression.

Je n’ai aucune nouvelle de lui. La Prose Duchemin est une bonne idée, quoiqu’il y ait, çà et là, des choses qui sortent du ton. Pour l’histoire du jeune Maxime, il y a, je crois, malheureusement du vrai. Il est probable qu’il ignore cette publication. Du moins, il ne m’en a jamais parlé. Au reste il croyait, en effet, être beaucoup plus riche qu’il ne s’est trouvé l’être.

À propos d’argent, c’est comme tu voudras, chère femme. Ce que je t’ai proposé sera toujours à ta disposition. Tu peux te regarder comme l’ayant dans un tiroir à Croisset. Dès que tu m’avertiras je te l’enverrai.

Ce bon Saint Antoine t’intéresse donc ? Sais-tu que tu me gâtes avec tes ces éloges, pauvre chérie. C’est une œuvre manquée. Tu parles de perles. Mais les perles ne font pas le collier ; c’est le fil. J’ai été moi-même dans Saint Antoine le saint Antoine et je l’ai oublié. C’est un personnage à faire (difficulté qui n’est pas mince). S’il y avait pour moi une façon quelconque de corriger ce livre, je serais bien content, car j’ai mis là beaucoup, beaucoup de temps et beaucoup d’amour. Mais ça n’a pas été assez mûri. De ce que j’avais beaucoup travaillé les éléments matériels du livre, la partie historique je veux dire, je me suis imaginé que le scénario était fait et je m’y suis mis. Tout dépend du plan. Saint Antoine en manque ; la déduction des idées sévèrement suivie n’a point son parallélisme dans l’enchaînement des faits. Avec beaucoup d’échafaudages dramatiques, le dramatique manque.

Tu me prédis de l’avenir. Oh ! combien de fois