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CORRESPONDANCE

beaucoup en est rentré sous terre, le reste t’appartient, va ; il est tout à toi, bien à toi.

B[ouilhet] t’enverra prochainement deux pièces pour être mises en musique (si cela se peut, ce dont il doute). Il est parti se coucher. Je te porterai demain moi-même cette lettre à la poste. Il faut que j’aille à Rouen pour un enterrement ; quelle corvée ! Ce n’est pas l’enterrement qui m’attriste, mais la vue de tous les bourgeois qui y seront. La contemplation de la plupart de mes semblables me devient de plus en plus odieuse, nerveusement parlant. Adieu, mille tendresses, mille caresses. Nous nous reverrons à Mantes comme tu le désires.

Je te baise partout.

À toi. Ton Gustave.

344. À LA MÊME.

En partie inédite.

Ne me répète plus que tu me désires, ne me dis pas toutes ces choses qui me font de la peine. À quoi bon ? puisqu’il faut que ce qui est soit, puisque je ne peux travailler autrement. Je suis un homme d’excès en tout. Ce qui serait raisonnable pour un autre m’est funeste. Crois-tu donc que je n’aie pas envie de toi aussi, que je ne m’ennuie pas souvent d’une séparation si longue ? Mais enfin je t’assure qu’un dérangement matériel de trois jours m’en fait perdre quinze, que j’ai toutes les peines du monde à me recueillir et que, si j’ai pris ce