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CORRESPONDANCE

adolescents […] et les villageois à la bestialité ! En un mot, sois canaille, c’est le moyen de plaire !

Sur ce, on se donne rendez-vous au mois de novembre, à Hélène Peyron.

À toi.

587. À ERNEST FEYDEAU.

En partie inédite.

[Croisset] samedi soir [28 août ? 1858].
Mon vieux Brrrrûlant,

Si je ne t’ai pas écrit, c’est que je n’avais absolument rien à te dire.

Je travaille comme quinze bœufs. J’ai bientôt, depuis que je ne t’ai vu, fait un chapitre, ce qui est énorme pour moi. Mais que j’ai de mal ! Me saura-t-on gré de tout ce que je mets là dedans ? J’en doute, car le bouquin ne sera pas divertissant, et il faudra que le lecteur ait un fier tempérament pour subir 400 pages (au moins) d’une pareille architecture.

Au milieu de tout cela, je ne suis pas gai. J’ai une mauvaise humeur continue. Mon âme, quand je me penche dessus, m’envoie des bouffées nauséabondes. Je me sens quelquefois triste à crever. Voilà !

Ce qui n’empêche pas de hurler du matin au soir à me casser la poitrine. Puis le lendemain, quand je relis ma besogne, souvent j’efface tout et je recommence ! Et ainsi de suite ! L’avenir ne