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CORRESPONDANCE

comme mon sujet est toujours le même, qu’il se passe dans le même milieu et que j’en suis maintenant aux deux tiers, je ne sais plus comment m’y prendre pour éviter les répétitions. La phrase la plus simple comme « il ferma la porte », « il sortit », etc., exige des ruses d’art incroyables ! Il s’agit de varier la sauce continuellement et avec les mêmes ingrédients.

Je ne puis me sauver par la Fantaisie, puisqu’il n’y a pas, dans ce livre, un mouvement en mon nom et que la personnalité de l’auteur est complètement absente. Je tremble que Bouilhet ne m’engueule à Pâques ! Il m’a l’air, lui, assez embêté des corrections de son Homme Futur. Le mal n’est pas si grand qu’il croit et ce qu’il m’a envoyé ce matin est très bon. Enfin, tout cela finira dans quelques mois. Nous serons plus souvent réunis et, si notre travail n’en va pas mieux, nos personnes du moins en seront plus aises. Le domestique que je dois prendre à Paris sort d’ici à l’instant. Nous avons fait nos conventions. Je lui ai dit de se tenir prêt pour le mois d’octobre prochain. Je m’ennuie cet après-midi, horriblement. Il fait un temps gris stupide et je ne suis pas en train de travailler !

Sais-tu que tu m’as écrit une bien charmante et gentille lettre, bonne chère Louise ? Je suis content que tu aies de l’espoir. J’en ai aussi. Je compte sur de Vigny qui m’a l’air d’un brave homme (quoiqu’il s’intitule esclave, ce qui m’a paru d’un goût un peu empire) et, s’il est tel que le croit Préault, ma jalousie dort tranquille. J’allais oublier le plus important de ma lettre, à savoir qu’il faut que je me lave de ce que tu m’attribues. Je ne t’ai