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DE GUSTAVE FLAUBERT.

ractères. Ceux du mari, de sa femme et de l’amant me semblent être très différents des miens. La femme m’a l’air d’être un ange, et puis, quand il tombe dans la poésie, cela est fort restreint, sans développement et passablement rococo d’expression. La seule chose embêtante, c’est un caractère de vieille fille dévote, ennemie de l’héroïne (sa belle-sœur), comme, dans la Bovary, madame Bovary mère ennemie de sa bru, et ce caractère dans Champfleury s’annonce très bien. Là est pour moi jusqu’à présent la plus grande ressemblance et ce caractère de vieille fille est bien mieux fait que celui de ma bonne femme, personnage fort secondaire du reste dans mon livre.

Quant au style, pas fort, pas fort. N’importe, il est fâcheux que la Bovary ne puisse se publier maintenant : enfin ! qu’y faire ?

J’ai relu Eugénie Grandet. Cela est réellement beau. Quelle différence avec le gars Champfleury !


470. À LOUIS BOUILHET.
[Croisset, 9 août 1854.]

Tu dois, cher bonhomme, être assailli de ma correspondance, mais ma lettre de lundi était en sus puisque tu me disais n’avoir pas reçu celle de la semaine dernière. Du reste tu n’en recevras plus qu’une après celle-ci, car dans quinze jours je compte envisager ton incomparable balle. Quel voyage d’artistes vous allez faire, vous deux