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CORRESPONDANCE

829. À LA PRINCESSE MATHILDE.
[Décembre 1865].
Madame et Princesse,

C’est ici à Croisset (ici dans mon vrai domicile, celui qui est habité le plus souvent) que j’attends votre gracieux souvenir.

Comme je suis ému par cette attention de Votre Altesse !

Vous m’avez écrit il y a deux mois, lors du malheur survenu dans ma famille[1], une bien bonne lettre qui m’a été au cœur.

Ma mère va un peu mieux. Mais il lui est resté un affaiblissement général grave à son âge. Elle sait vos marques d’intérêt, Princesse, et me charge de vous en exprimer toute sa gratitude.

Ce que vous me dites relativement aux de Goncourt me fait bien du plaisir. En effet, ils sont gentils comme des anges et spirituels comme des diables, deux qualités rarissimes parmi les confrères. L’embargo mis sur leur pièce ne m’étonne pas. Le théâtre est une boutique si abominable que le temps est proche où pas un honnête homme ne voudra s’en mêler.

Pour oublier un peu toutes les tuiles domestiques qui me sont tombées sur la tête cet été, j’ai travaillé le plus que j’ai pu et, selon ma coutume, sans avancer beaucoup dans ma besogne[2] ; mais enfin, le temps se passe ! C’est l’important.

  1. Mort de son neveu.
  2. Flaubert travaillait à l’Éducation sentimentale.