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DE GUSTAVE FLAUBERT.

arrivée ici que ce matin. N’est-ce pas Drontheim qui est le point le plus éloigné de votre voyage ? Prends-tu beaucoup de croquis et de notes ? Cela est dur, en route, mais on est si content, ensuite, que je t’engage à avoir cette énergie.

L’agitation politique de Paris est complètement calmée. L’empereur a eu sur les boulevards une véritable « ovation », comme on dit dans les journaux. Ce qui a mis fin à ces manifestations, c’est que les bourgeois se sont rangés du côté des agents de police et tombaient à coups de canne sur les braillards. Monseigneur a dû revenir aujourd’hui de Paris où il a été lire à Chilly[1] son Aïssé. Sa pièce passera à la fin de janvier, après celle de George Sand. Je l’ai trouvé, il y a huit jours, malingre et triste.

La mère Séréville dévisse son billard et les Censier se sont établis dans sa maison de campagne, à Beautot. Il y a eu l’été dernier querelle de voisins entre le père Séréville et mon ami Bataille. De là, calomnies dudit Séréville à l’endroit de Bataille, qu’il a tâché de faire passer pour ruiné, pour vouloir vendre son castel, etc.

J’ai été hier, à Rouen, acheter un tapis turc à ta bonne maman. Ainsi tu verras dans sa chambre un tapis neuf, et dans le salon des rideaux neufs.

J’ai repris mes vieilles notes de Saint Antoine, car je rêvasse une refonte générale de cette ancienne toquade. Je lis des bouquins ecclésiastiques, et je viens de finir le Saint Paul de Renan, paru il y a quatre ou cinq jours.

Personne ne se doute de votre futur établisse-

  1. Directeur de l’Odéon.