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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Quoi qu’il en soit, qu’Ernest m’envoie ou ne m’envoie pas d’argent, les 200 francs d’impositions seront payés avant la fin de la semaine.

Les 1.000 francs de la Bovary (promis par Lemerre) auront passé aux embellissements de Croisset, mais pas au delà. Au moins, il me restera quelque chose de mes œuvres, et ce quelque chose sera employé à la maison de notre pauvre vieille !

Vraiment, ce n’était pas du luxe ! plus de rideaux de vitrage, plus de draps, plus de serviettes, etc. ; un délabrement qui serrait le cœur !

Du reste la fortune semble me sourire, car aujourd’hui même je viens de recevoir un cadeau splendide : ce sont deux monstres chinois en porcelaine, donnés par Laporte ! en souvenir, m’écrit-il, de notre pauvre Duplan, parce que je les ai, l’année dernière, remarqués chez lui à Couronne, et qu’ils feront très bien aux deux coins de mon escalier. En effet, quand j’aurai pour eux d’autres piédestaux que les petites armoires… Mais en voilà assez pour cette année ! La grande salle à manger restera même avec son vieux tapis de toile écrue. Une toile cirée partout eût été trop cher.

Ton vieux Cruchard, ta vieille Nounou, est perdu dans l’art dramatique. Hier, j’ai travaillé dix-huit heures (depuis 6 heures et demie du matin jusqu’à minuit ! c’est comme ça) et je n’ai fait aucun somme dans la journée ! Jeudi j’avais travaillé quatorze heures. Monsieur a le bourrichon très monté ! Je crois, du reste, qu’une pièce de théâtre (une fois que le plan est bien arrêté) doit s’écrire avec une sorte de fièvre. Ça presse davan-