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DE GUSTAVE FLAUBERT.

Mes fenêtres donnent sur une place au delà de laquelle se trouve le bassin. Les fortifications du vieux Concarneau (un mur crénelé avec deux tours et un pont-levis) s’étendent par derrière. Je vois tout le quai en enfilade, et les petits bateaux qui pêchent la sardine. Tantôt, j’ai passé une heure à les regarder rentrer, puis j’ai fait un somme sur mon lit. Le réveil n’est jamais gai. Quand la réalité me reprend, quel pincement !

Pennetier nous a quittés avant-hier et je reste seul avec le bon Pouchet que j’envie profondément. Comme il est d’aplomb ! Moi, je me sens déraciné et roulant au hasard comme une algue morte.

Mais je veux me forcer à écrire Saint Julien. Je ferai cela comme un pensum, pour voir ce qui en résultera. Le séjour de Concarneau a pour moi deux inconvénients : l’odeur de la sardine qui vous empoisonne, et la toux, le graillonnement horrible d’un voisin qui habite une chambre près de la mienne. Quant à ma santé physique, elle est très bonne.

Il va être bientôt 4 heures. J’attends la poste pour continuer mon épître.

5 heures.

Ta lettre de jeudi m’arrive à l’instant…

Pauvre loulou, tu m’as l’air bien dolente et fatiguée ? C’est le résultat de la jolie vie que nous avons menée depuis cinq mois ! Tu as raison, je crois que tu seras moins triste à Paris. Mais comment va se passer l’hiver ? Problème.

Que dis-tu d’un M. Spoll, qui me croit pro-