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DE GUSTAVE FLAUBERT.

compagnons de table d’hôte. G. Pouchet dissèque devant moi des mollusques et me donne des explications auxquelles je tâche de m’intéresser… et puis, je rêvasse, je rumine mes souvenirs et mes chagrins, et la journée se passe.

Avant-hier, j’ai rencontré ici M. Armand Baschet, qui faisait son petit tour de Bretagne. Il venait de passer quelques jours chez ses amis les Panckoucke ; naturellement, nous avons parlé de la Princesse Mathilde.

Si je n’ai pas accepté votre bonne invitation d’aller à Saint-Gratien, c’est que j’avais peur d’y être trop triste et d’assombrir vous et les vôtres par ma fâcheuse figure. Quand on est malheureux, il faut être pudique et ne pas se montrer. Popelin m’a écrit une bonne lettre. Voulez-vous le remercier pour moi ? Je ne sais pas où se trouve maintenant de Goncourt. Il m’a dit qu’il s’était remis à la besogne, qu’il avait commencé un grand roman.

Heureux est-il, s’il peut travailler !

Connaissez-vous un certain M. Chauveau, qui habite un château dans les environs et qui a épousé une dame russe fort riche ? On prétend (ou il prétend) qu’il a été employé aux Tuileries.

J’aime à croire que vous allez bien, Princesse, et que vous êtes heureuse. Tel est le souhait de votre très affectionné et fidèle

qui vous baise les mains.