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DE GUSTAVE FLAUBERT.

J’écris maintenant une petite niaiserie, dont la mère pourra permettre la lecture à sa fille. Le tout aura une trentaine de pages. J’en ai encore pour deux mois. Telle est ma verve. Je vous l’enverrai dès qu’elle sera parue (pas la verve, l’historiette).


1565. À GEORGE SAND.
Dimanche soir [6 février 1876].

Vous devez, chère maître, me traiter intérieurement de « sacré cochon », car je n’ai pas répondu à votre dernière lettre, et je ne vous ai rien dit de vos deux volumes, sans compter que, ce matin, j’en reçois de vous un troisième. Mais j’ai été depuis quinze jours entièrement pris par mon petit conte qui sera fini bientôt. J’ai eu plusieurs courses à faire, différentes lectures à expédier et, chose plus sérieuse que tout cela, la santé de ma pauvre nièce m’inquiète extrêmement, et par moments me trouble tellement la cervelle que je ne sais plus ce que je fais. Vous voyez que j’en avale de rudes ! Cette jeune femme est anémique au dernier point. Elle dépérit. Elle a été obligée de quitter la peinture qui est sa seule distraction. Tous les fortifiants ordinaires n’y font rien. Depuis trois jours, par les ordres d’un autre médecin qui me semble plus docte que les autres, elle s’est mise à l’hydrothérapie. Réussira-t-il à la faire digérer et dormir ? à fortifier tout son être ? Votre pauvre Cruchard s’amuse de moins en moins dans l’existence et en a même trop, infini-