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DE GUSTAVE FLAUBERT.

courbé sur ma table et j’admire assez régulièrement le lever de l’aurore. Avant mon dîner, vers 7 heures, je batifole dans les ondes bourgeoises de la Seine. Je ne défume pas, j’en ai même l’intérieur du bec avarié, me portant du reste comme un charme. À propos de santé, vous ne m’avez pas l’air bien malade décidément. Tant mieux ! N’y pensez plus.


1598. À LA PRINCESSE MATHILDE.
Croisset [25 juillet 1876].

Princesse, je voudrais bien savoir ce que vous devenez par ces extrêmes chaleurs et avoir de vos nouvelles. Comment supportez-vous l’existence ? que faites-vous ? etc.

Je n’ai absolument rien à vous dire, sinon que je pense à votre personne. Je ne vois aucun mortel, ne lis aucun journal et je travaille comme un enragé. Dans une quinzaine j’aurai fini un conte ; immédiatement après j’en commencerai un autre. Ma nièce est aux Pyrénées avec son mari et, jusqu’aux premiers jours de septembre, je resterai dans une solitude absolue. Tous les jours je nage dans la Seine (comme un jeune homme). Voilà ma seule distraction.

Il faut pourtant que je vous fasse part d’une légère histoire. Vous savez qu’il existe une revue intitulée la République des Lettres et dont le bon Catulle Mendès est le directeur. J’ai eu